04/02/2018

Les Cent Fleurs de l'Oupeinpo



Les Cent Fleurs
Jacques Carelman et l’Oupeinpo
« Que cent fleurs s’épanouissent ! que cent écoles de pensée surgissent ! » avait ordonné le Grand Timonier à quelques centaines de millions de Chinois. Plus modeste, l’Oupeinpo dit aux artistes (nettement moins nombreux que les Fils du Ciel !) : « Que cent écoles d’art fleurissent ! »
Ainsi, tel l’astronome Le Verrier prouvant par la seule puissance de son raisonnement et de ses calculs, l’existence de la planète Neptune, jusque-là inconnue, l’Oupeinpo a découvert une centaine d’écoles d’art inédites.
Fait unique dans l’histoire de l’art, l’Oupeinpo a nommé et décrit les caractéristiques de ces cent écoles avant qu’elles ne fassent leur apparition !
Lorsqu’on songe que les dénominations de certaines écoles du passé comme l’impressionnisme, le fauvisme ou le cubisme sont nées des sarcasmes et des lazzis de leurs détracteurs ou de la boutade d’un critique, on est frappé par la rigueur scientifique de l’Oupeinpo qui a abouti, après plus de deux ans de recherches, à la découverte d’idées artistiques totalement inconnues, et à leur dénomination parfaite.
La méthode utilisée pour révéler ce bouquet unique a été la confection d’un tableau de dix cases sur dix.
Cinq parmi les principaux éléments constitutifs d’une œuvre d’art plastique : le support, le matériau, le graphisme, le volume, la couleur, et cinq opérations mathématiques ou autres choisies parmi une infinité : la symétrie, l’addition, la soustraction, la tangence, le mouvement, ont été placés à la suite les uns des autres en abscisse et en ordonnée. Il suffisait alors de lire la case correspondant au croisement des lignes et des colonnes pour trouver une école nouvelle rigoureusement nommée, comme par exemple le chromo-additionnisme, le tango-cinétisme ou le symétro-graphisme (qu’il ne faut surtout pas confondre avec le grapho-symétrisme !)
La tendance ou la profession de foi de chaque école est alors limpide : les chromo-additionnistes additionnent des couleurs, les tango-cinétistes ne rêvent que de faire mouvoir les tangences, les symétrographistes savent qu’il n’y a d’art que dans l’acte de dessiner des symétries (tandis que les grapho-symétristes tiennent pour l’acte de symétriser des graphismes…).
Ces différentes écoles se sont révélées, comme celles de l’histoire de l’art traditionnelle, d’un intérêt très variable, tantôt très riches, tantôt franchement banales ou médiocres, tantôt impossibles ou relevant du pur imaginaire, mais toujours chargées d’une grande potentialité.